Vivre à deux en résidence autonomie : une réalité, mais à quelles conditions ?

12 juillet 2025

Rester ensemble, dans un cadre sécurisé, sans renoncer à son indépendance. C’est bien souvent la première motivation des couples qui s’intéressent aux résidences autonomie. Mais concrètement, ces structures sont-elles conçues pour accueillir des couples ? Sont-elles un vrai tremplin pour continuer à vieillir ensemble, dignement et sereinement ?

Selon la Fédération nationale des résidences autonomie (anciennement logements-foyers, source : FNADEPA), la part de couples parmi les résidents reste stable autour de 25 % en province, et atteint plus de 30 % en milieu rural. La demande existe donc bel et bien, et elle tend même à progresser avec l’évolution démographique. D’après l’INSEE, plus d’un quart des plus de 75 ans vivent encore en couple (2022).

L’une des premières questions à se poser : y a-t-il des logements prévus pour deux personnes ? Ce point paraît évident, mais il n’est pas toujours acquis.

  • Types de logements proposés : traditionnellement, la majorité des résidences autonomie de la région proposent des studios, pensés pour une personne.
  • Appartements pour couples : dans le département du Maine-et-Loire, sur la quarantaine de résidences autonomie recensées, un peu moins de la moitié offrent au moins quelques T2 ou T3 adaptés aux couples (source : Portail national d’information pour les personnes âgées et leurs familles, 2023).
  • Adaptabilité : certaines structures permettent de réunir deux studios pour former un deux pièces, mais cela dépend de la configuration et... de la disponibilité.

Conseil concret : contactez directement plusieurs établissements pour savoir

  • le nombre réel d’appartements destinés aux couples,
  • les délais d’attente moyens,
  • la possibilité de faire adapter un logement si vous arrivez en cours d’année.

L’intimité et l’espace personnel

Les questions d’espace et d’intimité reviennent très vite. Beaucoup de T2 (30 à 40 m² en moyenne) offrent une chambre séparée et un espace de vie commune. Pour des couples habitués à de plus grandes surfaces, cet aspect demande de l’adaptation. On entend parfois, à l’arrivée, des remarques du type : « On a dû repenser notre façon de vivre et de se répartir l’espace. Cela demande un peu d’engagement mutuel, mais ça se fait. »

Les logements sont généralement équipés pour faciliter la vie au quotidien :

  • Salle d’eau sécurisée
  • Cuisine ou kitchenette
  • Système d’alerte et d’assistance

Mais attention, certaines résidences rénovées récemment privilégient le partage d’espaces communs (blanchisserie, salon TV, salles d’activités), ce qui peut limiter la « vie de couple à la maison ». Il faut donc s’assurer que le logement convient à vos besoins conjugaux et à vos habitudes.

La vie sociale en couple et en dehors

L’une des forces des résidences autonomie : encourager des liens, rompre l’isolement, ouvrir de nouveaux horizons, même pour les couples. Ce qui évolue par rapport à « chez soi » :

  • Des activités proposées à deux ou seul (gym douce, ateliers mémoire, sorties culturelles…)
  • Des repas optionnels pris en salle commune ou dans le logement
  • L’opportunité de rencontrer d’autres couples, souvent citée comme un point positif

Témoignage recueilli à Longué-Jumelles : « Nous pensions faire moins de choses ensemble, au final les activités proposées nous ont donné un nouveau souffle, tout en respectant la possibilité d’avoir du temps chacun pour soi. »

En résidence autonomie, le couple garde la maîtrise de son accompagnement. Les services proposés varient, mais il s’agit essentiellement :

  • D’aide à la vie quotidienne (ménage, aide aux courses, portage de repas…)
  • D’intervention extérieure possible à la demande (infirmières, kinés, pédicure...)

Il n’y a pas de médicalisation permanente, contrairement à un EHPAD. Cela peut être confortable, mais pose la question : Que se passe-t-il si l’un des conjoints devient très dépendant ?

Plusieurs responsables de structures indiquent que c’est le principal motif de départ d’un couple de la résidence autonomie (source : Observatoire national du vieillissement). Lorsque l’un des deux requiert une aide importante au quotidien (GIR 1 ou 2), le maintien en logement commun devient difficile, tant pour l’accompagnant que pour la structure accueillante.

  • S’il y a une forte dépendance de l’un, une séparation des lieux de vie est parfois nécessaire.
  • Des dispositifs d’accompagnement ponctuel existent ponctuellement (ex : accueil de jour, passage d’aides à domicile plusieurs heures par jour).
  • L’arbitrage se fait en concertation avec l’équipe de la résidence, les familles, et les services sociaux.

Les droits et obligations restent identiques à ceux d’un couple à domicile, avec quelques points particuliers :

  • Bail locatif commun : le couple signe un bail unique ou deux baux liés suivant l’établissement, ce qui protège le conjoint survivant si l’un décède ou doit partir pour raisons médicales.
  • Aides financières : l’APL est calculée sur les ressources du foyer. La facturation des services (animation, restauration, etc.) est souvent établie par personne, mais certaines prestations peuvent être mutualisées.
  • Décision médicale : chaque membre du couple reste maître de ses choix de soins, tout en bénéficiant de la présence de l’autre.

Dans le Maine-et-Loire, la part des couples qui quittent la résidence suite au décès d’un conjoint reste faible : de nombreux conjoints préfèrent rester, soutenus naturellement par le personnel et les résidents (source : CCAS Saumur Val de Loire, 2022).

Le coût est un critère déterminant dans le choix d’une résidence autonomie. Il varie selon la taille du logement (T1 ou T2), les services choisis et la localisation. Quelques repères :

Type de logement Loyer mensuel (hors aides) Service minimum* Coût total pour un couple
T2 en Maine-et-Loire 450 – 600 € Animation, sécurité 550 – 800 €
T1 (adapté couple) 420 – 500 € Idem 500 – 700 €

*hors restauration, ménage, interventions externes

  • APL : possibilité d’obtenir une aide significative, en fonction des revenus cumulés du couple.
  • Services optionnels : les repas collectifs, le ménage, l’aide à la toilette ou les sorties sont facturés en sus, à la carte.
  • Aides spécifiques : Le Conseil départemental ou la caisse de retraite peuvent apporter des soutiens financiers: Allocation personnalisée d’autonomie (APA), aides ménagères...

À titre de comparaison, le coût mensuel d’un couple en résidence autonomie reste bien inférieur à une chambre double en EHPAD, qui dépasse souvent 2 500 à 3 000 € dans le secteur public (source : CNSA, données 2023). Saluons cet effort de modération des coûts, permettant aux couples de rester ensemble plus longtemps avec un budget maîtrisé.

Pour que l’installation soit une réussite, voici quelques points clés à vérifier :

  • Choix du logement : privilégier les établissements offrant réellement des T2/T3 ou des solutions modulables
  • Souplesse de l’offre en services : portage de repas en cas de maladie, services ponctuels individualisés
  • Qualité de l’accompagnement : dialogue possible avec une équipe réactive, expérience de vie commune respectée
  • Clarté sur la place de chacun : droit au respect de l’intimité et de la vie privée au sein du couple
  • Facilité d’accès : proximité d’un transport adapté, accueil des familles extérieures

Le vieillissement de la population s’accompagne de parcours de vie conjugaux de plus en plus variés. Les pouvoirs publics incitent désormais les gestionnaires à prévoir davantage de logements évolutifs pour couples (Plan national en faveur des résidences autonomie, 2021). Les projets de rénovation ou de construction intègrent de plus en plus d’espaces pour deux.

Certains établissements misent même sur des parcours individualisés, adaptés dès l’entrée à la situation spécifique du couple (âge, autonomie, habitudes de vie). Une proportion croissante de couples mariés ou pacsés choisissent désormais d’anticiper, en se renseignant tôt, voire en s'inscrivant sur liste d'attente plusieurs années à l’avance.

Vivre en couple en résidence autonomie, c’est possible, à condition de bien préparer sa démarche, de poser les bonnes questions et d’oser parler de ce qui compte le plus : l’envie de rester ensemble, dans la dignité, la sécurité et la liberté. Les établissements évoluent pour mieux répondre à ces attentes, même si tout n’est pas encore parfait. S’entourer, comparer et se projeter… tels sont les ingrédients-clés pour que la résidence autonomie reste un choix de vie, et non une adaptation imposée par les circonstances.

Sources principales utilisées : FNADEPA, CNSA, INSEE, Portail national d’information pour les personnes âgées, CCAS Saumur Val de Loire, entretiens avec responsables de structures locales. Pour aller plus loin : portail national d’information pour les personnes âgées et leurs familles.

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